Les raisons pour lesquelles, en 1912, Guillaume Apollinaire qualifia
d'orphique l'art de son ami Robert Delaunay sont un peu absconses. L'orphisme étant lui-même une religion fortement ésotérique, le mystère n'en est que plus épais. Fait aussi partie de l'orphisme apollinarien, outre Delaunay, sa femme Sonia, née Terk et russe. D'autres peintres ont bien été rattachés au mouvement des Delaunay, mais de manière abusive.
Les huit années de travail présentées dans l'exposition organisée par Jean-Paul Ameline n'apportent pas de nouvelles lueurs sur l'orphisme. Il s'agit plutôt d'éclairer le public sur la période, en général mal connue, qui conduit, de l'aube de ce siècle aux canons de la Première Guerre mondiale, du néo-impressionnisme aux balbutiements de l'abstraction.
A travers une centaine de dessins et de peintures distribués en séries, le parcours permet surtout de découvrir comment un artiste, sans tambour ni trompette, a réussi à s'extraire des avatars de l'impressionnisme pour, s'appuyant sur la leçon de Cézanne, accéder à un cubisme original. Ce qu'il y a d'intéressant avec Robert Delaunay, c'est qu'avec lui l'Histoire ne suit pas les sentiers battus des oppositions ressassées (forme/fond, figure/abstraction, etc.). Il s'intéresse à la lumière d'abord pour ses pouvoirs de diffraction. Les Saint-Séverin illustrent la puissance déformante de la lumière sur l'architecture. Mais ce seront, deux ans plus tard, ses Tour Eiffel qui porteront à son comble cet effet de distorsio