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Libération

Flash-back, l'actualité de la cinéphilie. Hollywood, boulevard des cinéphiles. Rétros de qualité ou raretés ébouriffantes dans de nouveaux temples du cinéma.

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publié le 30 juillet 1999 à 0h06

Durant quinze jours en mai, il s'est produit quelque chose d'étrange

au Los Angeles County Museum of Art (le LCAMA): soir après soir, des gens se sont vu refuser l'entrée aux programmes de cinéma, séances complètes ou archibourrées. Une chose rarement vue dans ce mausolée qui, depuis la mort de son charismatique programmateur Ron Haver il y a dix ans, avait été pour ainsi dire soldé de tout compte par les cinéphiles revenus des séries bateau et des rétrospectives Garbo qui colmataient le trou béant laissé par ce passionné (de Selznick, surtout).

Bresson en vedette. Le plus étonnant c'est que ces gens faisaient la queue un vendredi ou samedi soir pour voir le Journal d'un curé de campagne ou Mouchette, pas exactement des gâteries de week-end. La rétrospective Bresson était certes un événement (tous les films en copies neuves sous-titrées, travail de moine effectué par James Quant, de la Cinémathèque Ontario), mais son succès public le dépassait encore largement. La composition du public était tout aussi mystifiante: une bonne moitié était gay, jeunes et moins jeunes; les autres étaient en majorité des transplantés de New York, dont certains n'avaient pas vu Au Hasard Balthazar ou les Quatre Nuits d'un rêveur depuis leur passage d'origine au New York Film Festival.

«Bresson est devenu pour beaucoup une sorte de saint séculier du cinéma, comme Tarkovski ou Kieslowski», expliquait Dennis Bartok, programmateur de l'American Cinematheque. Son explication n'en était peut-être pas une