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Libération

Jean Dewasne s'efface. Le peintre est mort à 78 ans.

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publié le 30 juillet 1999 à 0h06

C'était un petit homme qui promenait dans Paris, du Marais (où il

avait son atelier) aux vernissages, où il allait souvent, son visage étonnant, d'une teinte bleu violet. Jean Dewasne, peintre abstrait né en 1921 à Hellemes-Lille, a vécu en effet une partie de son existence avec cette maladie qui colore la peau d'une tonalité particulière. Rien à voir, cependant, avec le travail qu'il a mené pendant cinquante années entièrement consacrées à l'art abstrait. Dewasne a fait des études de musique et deux ans d'architecture à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Dès la fin de la guerre, il se mobilise, avec Hartung, De Stael et Poliakoff en faveur de la peinture abstraite.

Prix Kandinsky. La bataille à l'époque, fait rage, entre tenants de l'abstraction et de la figuration. En 1946, alors qu'il reçoit le premier Prix Kandinsky, Dewasne fait partie du comité fondateur du salon des «Réalites Nouvelles». Lorsqu'il fonde en 1950 avec Edgard Pillet l'«Atelier d'art abstrait», où il donne un cours de «technologie de la peinture» qui porte sur la chimie des couleurs et la théorie de la vision, il provoque une réaction violente du critique d'art Charles Estienne, qui lance dans un article «l'art abstrait est-il académique?» Au milieu de cet échange d'amabilités, Jean Dewasne renonce dans son oeuvre aux matériaux traditionnels pour les remplacer par le Ripolin, les laques, l'émail à froid, afin d'obtenir une technique rivalisant avec celles de l'industrie.

«Antisculptures». C'est en effet le bu