Dans cet endroit improbable qu'est le musée du Design, situé dans le
désert immobilier des «docks» (classés monuments historiques) de la rive sud de Londres, a lieu actuellement une exposition indubitablement magique, sorte de prolongement inédit du 2001 de Kubrick et du Barbarella de Vadim, en passant par le Zabriskie Point d'Antonioni. Question décors, s'entend: car pour mettre en valeur le designer danois Verner Panton, né en 1926 et mort l'an dernier, le Designmuseum n'a pas lésiné sur les couleurs.
Vibration de la couleur. Clou du spectacle, une enfilade de huit salles d'exposition, «infusées» chacune par l'une des teintes du spectre lumineux magenta, rose, orange, jaune, vert, bleu, cyan, etc. depuis le sol jusqu'au plafond et aux murs, en passant par les objets qu'elles contiennent. De sorte qu'au bout de ce long tunnel éblouissant le spectre soit recomposé à nos yeux. Ce «trip» dans la couleur, Verner Panton, grand lecteur des théories de Goethe et du Bauhaus, l'avait voulu pour organiser le musée de Trapholt au Danemark. Tous ses environnements, du plus célèbre, celui qu'il fit pour le bâtiment père du journal Der Spiegel (à Hambourg, en 1969), au Cirkusbygningen (Bâtiment du cirque, 1 984) ou à l'exposition Visiona II (Cologne, en 1970), ont ainsi composé avec la vibration de la couleur, de façon à complètement transformer l'espace.
Intouchables. Moins pour désorienter que pour orienter l'utilisateur (et non le spectateur) d'un tel environnement à entreprendre aut