Chaque année, ou presque, les Rencontres internationales de la
photographie (RIP) d'Arles révèlent une oeuvre de reportage social, frappante tant par la dureté du sujet que par sa facture, en rupture avec les codes lénifiants du «politiquement correct». En 1996, ce fut la découverte, polémique, de Roger Ballen et de ses terribles portraits de petits Blancs acculturés et dégénérés d'Afrique du Sud. En 1997, les images d'Eugene Richards sur la misère urbaine et rurale des Etats-Unis. Cette fois, les RIP accueillent, après le musée suisse de l'Elysée, les photos de Shelby Lee Adams sur les communautés de bûcherons de l'est du Kentucky. Baraques de planches, intérieurs rafistolés, familles nombreuses d'enfants aux pieds nus, loques quotidiennes et tenues de fête en retard de quelques décennies, stigmates physiques" Héritier de la FSA. Est-ce ainsi que les hommes vivent, à l'aube du XXIe siècle, dans la plus puissante démocratie du monde? Déja, dans les années 70, les enseignants du Massachusetts College of Arts ne voulaient pas y croire. Cependant, pour l'étudiant Shelby Lee Adams, à qui l'on présentait les clichés réalisés par Walker Evans pour la Farm Security Administration comme un témoignage incontournable mais historiquement révolu sur la grande dépression, le tableau était familier. «Ce monde de dénuement, j'y avais grandi et j'allais le retrouver pour mes vacances, commente-t-il, mais mon prof de Cleveland haussait les épaules. C'est pour le convaincre que j'ai rapporté,