Merida (Venezuela) envoyé spécial
Macbeth aurait-il pu naître sous les Tropiques? Le cinéaste vénézuélien Leonardo Henriquez en est si convaincu qu'il a adapté, sans complexes, la pièce de Shakespeare, en la saupoudrant d'ingrédients latino, dans un pays qui a engendré en décembre dernier un caudillo new-look, Hugo Chavez, dont le parcours, flamboyant pour certains, chaotique pour d'autres, aurait pu enflammer l'imagination du dramaturge anglais.
En tournant en juillet-août son Macbeth, Henriquez voulait ignorer superbement ces télescopages entre la fiction et l'Histoire. «Laissons cela aux exégètes" ce qui m'intéresse en ce moment, c'est que comme toujours la première prise était la bonne, vous m'avez encore fait gâcher de la pellicule inutilement.» Pour son troisième film, Henriquez a obtenu 160 millions de bolivars (environ 1,5 million de francs) du Conac, l'équivalent vénézuélien de l'avance sur recettes. «Nous en sommes à la quatrième semaine de prises de vues, il y en a en tout huit de prévues, et je n'ai pas encore mangé la moitié de mes ressources financières», insiste le metteur en scène en arpentant à longues enjambées la lande désolée repeinte aux couleurs verdoyantes de l'Ecosse par les pluies caraïbes qui détrempent la région de Merida, à l'ouest du Venezuela, là où naît la Cordillère des Andes. Leonardo Henriquez y tourne sa version très libre de Macbeth, transposée au XXe siècle, où la noblesse est celle des propriétaires des haciendas de café. Le roi Duncan y e