Marseille, envoyée spéciale.
Soirée de fin d'été en région marseillaise: collines roses par-delà les toits orange, ciel mauve, douceur. Au fond d'un parc abandonné, l'odeur d'un méchoui monte sous les platanes. Une voix s'élève. Un cercle se forme, des tambourins jaillissent et se mettent à battre un ternaire entêtant. Les harmonies montent, dominées par la voix vibrante, chargée de suc, d'un jeune moustachu aux yeux bleus, Manu Théron. Manu est le leader de Gacha Empega, dernier avatar de la mouvance occitane. Enfin, pas tout à fait le dernier. Il y a quelques mois, son groupe s'est scindé et son «collègue» Sam Karpiéna, le grand blond en chemise vague, là, un peu bourré, a fondé Dupain, une formule plus expérimentale, avec des samples et de la vielle à roue (voir ci-contre). Dès sa création, Dupain s'est distingué par son étrange capacité à provoquer la transe, à cheval sur les vieilles recettes napolitaines et la techno. Dupain et Gacha Empega ont réuni ce soir autour d'eux leurs parrains et amis de la scène occitane: les Massilia Sound System lancent des chansons gaillardes où chacun improvise un couplet; Bastien plaque des accords flamenco; deux Italiens font des chants populaires et un groupe saharien, el Hillal, psalmodie le nom d'Allah. Dans cet éventail d'émotions triomphe une Méditerranée remise d'un siècle d'humiliations et de mépris. Yeba! Bras passés sur les épaules, poitrines vibrant en harmonie, on jubile" La langue d'ici. Dimanche, grève des éboueurs. Marsei