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Libération
Critique

Photo. Champassak expose ses images du brasier qui dévore la région minière de Jharia, depuis 1916. Apocalypse noir à l'indienne. Les mines en feu de Jharia. Reportage de Tiane Doan Na Champassak, exposé à la Chapelle Saint-Dominique, dans le cadre de Visa pour l'Image. Jusqu'au 12 septembre, rue Rabelais, Perpignan.

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publié le 4 septembre 1999 à 0h37

La région minière de Jharia, qui s'étend en Inde sur quelque 450

km2, dans le Bihar, est un enfer de suie. Une campagne noire, vouée depuis la fin du XIXe siècle à l'exploitation du charbon. Et sapée par un incendie souterrain, immense, inimaginable, qui dévore la terre par l'intérieur, avance par nappes crevant la surface de champs de fumerolles, taillant des brèches incandescentes à fleur de terre. Un brasier tellurique qui ne doit son origine qu'à l'homme. «On en date l'origine à 1916», explique Tiane Doan Na Champassak, qui montre les photos de cet enfer à Perpignan. «Quand les premiers feux ont éclaté dans les mines, leurs propriétaires se sont contentés de fermer et d'aller exploiter un peu plus loin. Aujourd'hui, le feu court et il est inextinguible, à moins d'y engloutir 2,4 milliards de dollars.»

Tiane Doan Na Champassak, abrégé en Champassak, est un grand gaillard de 26 ans. «Je suis quarteron, sourit-il. J'ai un quart de sang laotien mais, au physique, je tiens de ma mère, française.» Né dans l'Hexagone, il a passé la majeure partie de sa jeunesse à l'étranger, dans le sillage d'un père artiste peintre et photographe: «On a vécu au Maroc, puis en Espagne et enfin au Canada, où je suis resté quinze ans. En fait, j'appartiens presque plus à la culture anglophone.» Inscrit à l'école de journalisme de Montréal, il a vite voulu se tester sur terrain non balisé. «Encore étudiant, je me suis lancé en freelance sur Haïti. Sur place, j'ai rencontré James Nachtwey de Magnum,