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Libération

Shanghai perd une reine. L'actrice Baï Guang est morte à 79 ans.

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publié le 6 septembre 1999 à 0h36

Avec sa beauté capiteuse, ses tenues provocantes, sa voix

langoureuse pour chanter tant les chansons d'amour traditionnelles que les tangos ou les rumbas chinois, Baï Guang a a été une reine du cinéma chinois de Shanghai des années quarante, avant l'arrivée des communistes. Elle est morte le 31 août dans l'hôpital du China town de Kuala Lumpur (Malaisie), à l'âge de 79 ans.

Née à Pekin, où son père était professeur, elle avait prouvé ses talents de chanteuse et d'actrice à la chorale de l'école et n'eut guère de mal, après le déclenchement de la guerre sino-japonaise en 1937, à se faire envoyer à Tokyo pour étudier l'art dramatique. En 1941, après Pearl Harbour, elle retourne à Shanghai. Les Japonais occupent la métropole cosmopolite, dont ils ont regroupé les douze grandes compagnies cinématographiques en une, la Chung Hua United Film. Ils favorisent les films de divertissement, érotisant un cinéma resté jusque-là assez pudibond.

Tenues suggestives. Baï Guang sera la vedette de ce cinéma-là, équivalent du film à téléphone blanc italien, où elle évolue dans des ambiances luxueuses et des tenues élégantes, occidentalisées ou chinoises, mais toujours suggestives. On la baptise «le bodhisattva femelle» (un bodhisattva est un bouddha qui abandonne le nirvana pour redescendre aider les mortels). Jamais, sur un écran chinois, une femme n'avait aussi manifestement montré son désir.

Payée en or. Les chansons de ses films sont aussi des succès, comme Ruguo Meiyo Ni (Si je ne t'ai plus),