Stockholm de notre correspondant
Durant dix années de sa jeunesse, entre 1936 et 1946, Ingmar Bergman a été admirateur inconditionnel de Hitler. Le réalisateur suédois avait déjà évoqué ces amours coupables dans son autobiographie, Laterna Magica, publiée en 1987. Dans un livre sur l'attitude de la Suède durant la Deuxième Guerre mondiale à paraître le 28 septembre, et dont le quotidien Expressen a publié hier des extraits, Bergman a accepté de parler de ce pan de sa vie à la journaliste Maria-Pia Boëthius, encore étonnée, dit-elle, des réticences qu'elle avait rencontrées de la part de son entourage. «J'avais écrit à Bergman pour lui demander de me parler de ses sympathies avec les nazis. Aussi bien ses amis que les miens m'avaient dissuadé de le faire. Comme s'il ne fallait pas toucher à Bergman.»
L'été 36. Après trois mois de silence, le cinéaste donna pourtant son accord à cette journaliste connue. Pendant quatre heures, Maria-Pia Boëthius rencontra donc Bergman à Stockholm. Et le maître raconta. Son père (on échappe rarement aux histoires de famille avec Bergman) était un homme très conservateur. En 1936, Ingmar Bergman, alors âgé de 16 ans, va passer l'été à Haina, en Allemagne, dans le cadre d'un échange d'étudiants.
Il se retrouve dans la famille d'un pasteur, père de six enfants. Tous étaient embrigadés sous la bannière nazie, et le clou de l'été fut les journées du parti à Weimar. «En voyant Adolf Hitler, Bergman a été complètement saisi, rapporte Maria-Pia Boëthius.