Par un hasard inattendu et stupéfiant, le premier mot entendu dans
Perfect Blue est «Powertron!», cri de scène et de ralliement d'un boy band nippon en plein spectacle. 81 minutes plus tard, on se dit qu'en effet, depuis Tron, fameux prototype Disney des années 80 aux confins de la synthèse, du cinéma et de l'animation on n'a sans doute pas vu de film aussi exemplaire, inclassable, déroutant et peut-être bien prophétique, que ce manga distancié, qui a bien plus de rapports avec Cronenberg, Ferrara, voire Argento, qu'avec San Ku-kaï, Goldorak ou Candy.
Schizophrénie. Mais si l'on devait n'accrocher qu'une seule référence flatteuse aux basques de Satoshi Kon, c'est évidemment David Lynch qu'il faudrait élire et particulièrement Lost Highway, ce film concept et concave qui nous a appris comment il est possible, dans l'ivresse du monde virtualisé où nous baignons et baignerons, d'apparaître ici et ailleurs, aujourd'hui et demain, sous une forme comme sous une autre. La virtualité, la norme schizophrène qu'elle installe, l'enivrante absorption des corps dans les dimensions imaginaires du simulacre roi, sont les carburants de Perfect Blue, dont la narration éruptive encastre rêve et réalité, illusions et cauchemars, ténèbres et fracas, dans un écheveau d'abîmes en abysses où l'on finit par douter de tout.
Psycho-killer. C'est théoriquement l'histoire très édifiante de Mima, petite idole de la chansonnette pop un jour tentée par les démons du cinéma. Virginale, sacrificielle d'em