D'abord, le contexte. Au vernissage, Durk Dehner, président de la
fondation Tom of Finland à Los Angeles (une lucrative compagnie de merchandising «cuir»), remerciait l'Institut finlandais, à Paris. «C'est grâce à eux [chacun des membres du staff] que vous allez pouvoir jouir de votre gêne.» Façon d'ancrer le plaisir visuel dans l'excitation sexuelle: c'est bien le sens des fantasmes au-delà du viril qui ont travaillé Tom of Finland et que celui-ci a travaillés dans ses images.
«Notre ambassadeur». Mais où est la gêne, depuis que Tom of Finland (1920-1991) bénéficie d'une considérable reconnaissance, dépassant le circuit underground ou pédé pour contribuer à faire du dessinateur, selon le directeur de l'Institut finlandais, «notre ambassadeur le plus célèbre»? L'exposition tire largement son effet de sa présentation dans une officine étatique, et non, comme c'est l'habitude, dans une librairie ou une galerie gay. Un peu comme si on programmait une rétrospective Jean-Noël René Clair à l'institut culturel français de Rome!
Il est vrai que l'imagerie fantasmatique de Touko Laaksonen, alias Tom of Finland, est passée du côté de l'esthétique et des musées, au-delà de la jouissance privée des (a)mateurs. Bien qu'exposés dans de maigres sous-verre à Paris, ses dessins, aquarelles et encres (plus deux uniformes et une paire de curieuses bottes rebiquant du bout) ont aujourd'hui une cote sur le marché de l'art. Cette reconnaissance s'est formalisée depuis la fin des années 80, avec la c