Comment convertir un authentique fléau en argument culturel?
Chef-lieu des Bouches-du-Rhône, commune la plus étendue de France (elle couvre 75 000 hectares) et, en l'occurrence, capitale des moustiques qui n'ont pas leur pareil pour transformer le plus bucolique des pique-niques en scène de Starship Troopers Arles a temporairement trouvé la solution en localisant au musée Réattu l'exposition «Dards d'art». Sous-titrée «mouches, moustiques" modernité», celle-ci propose un survol panoramique de la rencontre entre le monde des insectes et celui des arts, photo, peinture, vidéo, installation et sculpture confondues. Où l'on observe en effet, à grand renfort de pointures réquisitionnées pour l'occasion (Alechinsky, Calder, Man Ray, Dora Maar, Miró, Annette Messager, Germaine Richier"), que toutes ces petites bestioles rampantes ou volantes sont à peu près autant une source de peurs phobiques pour le vulgum pecus qu'un inépuisable vivier d'inspiration créatrice, circonscrite ici au XXe siècle.
«Construction poétique». «Conçue non pas comme un parcours exhaustif à travers les cinquante dernières années, mais un peu à la manière d'une construction poétique où la momie d'un scarabée égyptien trouve tout naturellement place dans la modernité» (dixit Michèle Moutashar, commissaire de l'exposition), «Dards d'art» déroule plaisamment sur fond idoine et entêtant de stridulations préenregistrées un luxe de techniques entérinant parfois la symbiose entre l'artiste et la nature même d