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Libération
Critique

ÎRock. L'album enregistré dans les années 80 par l'égérie de Burroughs paraît enfin. Leslie Winer, retour d'héroïne Leslie Winer, CD: «Witch» (Rhythm King Music/Virgin).

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publié le 14 septembre 1999 à 0h56

La nouvelle avait surpris au beau milieu de l'été: Leslie Winer

était à Paris. On la croyait morte. Peu ont survécu de la bande du Palace des années 80, d'Alain Pacadis et Lychee assassinés à Frédéric Dayan ayant succombé à la première overdose d'ecstasy. Leslie Winer ne plaisantait alors pas avec le plaisir, et l'angoisse, sans doute. Doses de cheval d'héroïne, pipes subites derrière les rideaux de velours écrasés d'infrabasses postdisco, la légende n'était pas usurpée.

Garçonne. En ce début de décennie 80 où un William Burroughs pouvait, à l'invitation de Fabrice Emaer, venir lire ses textes au Gay Tea Dance du Palace devant deux mille mecs en jean déchiré et bandana backroom, son apparition avait fasciné. Etrange gosse à l'accent des banlieues américaines et au profil de Bowie saisissant, Leslie Winer allait faire craquer la bande: Gaultier, Mugler et les autres. Pote garçonne arrogante en marcel blanc sur jean noir, donnant du fuck off à faire rougir Iggy Pop, elle venait d'ailleurs. Dans un raccourci digne de Jerzy Kosinski, sa jeune destinée avait déjà croisé le pavé new-yorkais, le bunker de William Burroughs, la jet-set rock et «ce connard de Mick Jagger qui débarquait chez Bill sous prétexte de lui rendre une visite amicale et qui passait deux heures à appeler l'étranger, oubliant que tout le monde n'est pas businessman comme lui».

Malgré l'épaississement de la carrure germanique imposant la robe tunique et les sandales, la Leslie Winer de 40 ans a gardé ce regard, ce