Dernier wagon en date du train de films marocains sortis cette
année, Mektoub nous arrive en starlette américaine, auréolé d'un succès colossal en son pays et des honneurs rares d'une sélection aux Oscars l'an passé une première pour un film en provenance du Maghreb.
Mettons que Nabil Ayouch, son tout jeune réalisateur de moins de trente ans, eut remporté cette récompense (ce que nous ne lui souhaitons pas, car chacun sait combien il est inutile d'encombrer son appartement de statuettes dorées, même si cela rassure toujours son producteur), le poids de celle-ci aurait modifié, pour le pire, le cours d'un travail tâtonnant qui réclame encore du temps pour se fonder. On peut écrire sans sacrilège (et à l'heure où il tourne son deuxième long métrage, Nabil Ayouch doit en être conscient) que s'il sait faire agir son charme, Mektoub est quand même plus d'une fois à côté de la plaque.
Plaines arides. Fondé sur le schéma hitchcockien usé jusqu'à la corde du couple vide de normalité et lisse de naïveté qui, trimballé contre son gré dans un univers hostile et artificiel (un Maroc corrompu mais intouchable, faisant son petit commerce de «rape movies» tournés par des policiers haut placés; selon un canevas inspiré de l'affaire Tabet (1) qui éclaboussa le Maroc il y a peu ) finira par perdre ses dernières illusions mais gagnera en maturité, Mektoub ne décolle que lorsqu'il quitte ces intérieurs, que Nabil Ayouch ne sait décidément pas filmer, pour s'aventurer dans les plaines arides