Stockholm de notre correspondant
«Le tribunal n'a pas vraiment compris tous les aspects techniques de ce procès.» Magnus Mårtensson tente de peser ses mots. Juriste à la section suédoise de l'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique, il tenait presque son bâton de maréchal. Pour la première fois en Europe, un flibustier du Net, pourvoyeur de cybermusiques illégales, répondait de ses actes devant la justice terrestre. Et tout a capoté mercredi quand le tribunal de Skövde a relaxé le jeune Suédois de 17 ans, contre qui l'IFPI s'était constituée partie civile pour le compte de 53 sociétés de production.
L'affaire était d'importance. Toute l'industrie du disque avait les yeux braqués vers ce petit bout de Suède, dans l'espoir de voir tomber le premier pirate de l'Internet, un de ces receleurs de musique qui facilitent la copie des morceaux sur le réseau des réseaux sans que les sociétés de production ne puissent prélever leur dîme.
Anders O., 17 ans, était jugé pour violation de la loi sur la propriété intellectuelle. A partir de l'ordinateur de son père, il avait proposé sur son site Internet des liens qui permettaient aux visiteurs d'aller copier des morceaux de musique comprimés au format MP3. Lui-même ne copiait pas ces morceaux, s'est-il défendu. Mais son site, qui renvoyait vers des centaines de morceaux, était devenu très populaire. Plus que son portefeuille (il aurait touché 82 dollars d'une société américaine qui avait mis un bandeau publicitaire su