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Libération
Critique

Théâtre. Alain Françon tombe dans les excès du naturalisme à la québécoise. Parler pour ne rien Dire-Dire. Le Chant du Dire-Dire, de Daniel Danis, m.s. d'Alain Françon, Théâtre national de la Colline. Jusqu'au 23 octobre. Tél. 01 44 62 52 52

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publié le 18 septembre 1999 à 0h45

Deux pôles aimantent le travail du metteur en scène Alain Françon.

L'un l'entraînerait plutôt vers Brecht ou Edward Bond. C'est le côté théâtre épique. L'autre l'amène à revisiter le naturalisme, d'Ibsen à Kroetz ou Enzo Cormann. C'est le côté théâtre du quotidien. Le Chant du Dire-Dire, du Québécois Daniel Danis, s'inscrit dans cette dernière veine. Dans un trou quelconque de la «Belle Province», la fratrie Durant vit en quasi autarcie. Les parents ont été foudroyés un soir d'orage et les enfants ­ tous adoptés ­ se sont élevés seuls, sous l'oeil plus ou moins méfiant du reste du village. La pièce raconte le retour au bercail de la soeur, partie tenter sa chance dans la chanson. Elle est dans un sale état: muette, paralysée, le cerveau endommagé, sans doute après avoir été battue et violée. Les trois frères font bloc autour d'elle et s'enferment dans un huis clos familial de plus en plus sordide. Sur ce fait divers, qui pourrait ressembler à la trame d'une pièce d'Eugène O'Neill, Daniel Danis a brodé un texte lyrique, écrit tantôt à la première, tantôt à la troisième personne, comme si les personnages étaient aussi les narrateurs extérieurs de leur propre histoire. Affectation. On retrouve en fait, sous un emballage neuf, les bonnes vieilles recettes du théâtre psychologique. La pièce s'inscrit dans la lignée néo-naturaliste, où émarge depuis vingt ans une grande partie du théâtre contemporain en France. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si plusieurs pièces de Daniel Danis