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Libération
Interview

La Ben paroleRencontre californienne avec le gourou hippie blues Ben Harper, pour la sortie de son quatrième album. Ben Harper «Burn to Shine» (Virgin)

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publié le 20 septembre 1999 à 0h46

Ben Harper joue assis comme s'il rendait la justice, la guitare à

plat, les jambes imperceptiblement tendues par les convulsions électriques, si grave, concentré, autoritaire et noué qu'il devient délicat de lui donner un âge. Sa taille flotte dans un pantalon kaki, son buste est moulé par un tee-shirt rasta. Entre deux chansons de toute intensité, le poing contre la poitrine, il murmure à la foule d'une voix soyeuse: «Vous êtes comme l'or"» Face à lui, dans les profondeurs du public, une très jeune fille défoncée danse en tunique et jambes nues, comme si elle suivait un courant chaud dans l'air marin, s'extasiant des énergies diffusées par la musique («Chaque son est une couleur», explique-t-elle, empourprée).

Si l'on élargit le cadre autour de cette saynète de folklore intemporel, on ne sera pas surpris de découvrir les vastes pelouses arborées du Golden Gate Park de San Francisco, dans les hauteurs voisines de Haight-Ashbury, où se donnaient les free concerts des années 60 et où un semblant de pèlerinage «baba» reprend chaque été. Ce samedi de juin froid et venteux, devant 50 000 spectateurs, Ben Harper partage l'affiche d'un grand rassemblement avec Van Morrison, Elvis Costello, John Lee Hooker, et ne se trouve pas loin de voler la vedette aux aînés.

Blues universaliste. Sa musique, en Amérique, ne cesse de gagner du terrain. Le courant passe tout particulièrement avec la cité de l'éternel revival hippie, qui entend dans le blues universaliste incandescent de ce descendant