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Libération
Critique

Le cri chanté et la transe à la lueur des bougies

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Le spectacle présenté au Festival d'automne révèle la voix farouche de Cherifa.
publié le 21 septembre 1999 à 0h47
(mis à jour le 21 septembre 1999 à 0h47)

Pas plus que les anges, la musique n'a de sexe ; mais, en choisissant exclusivement des «chants de femmes» pour sa programmation marocaine, le Festival d'automne souligne le rôle de la femme dans la transmission des traditions en Afrique du Nord. Après les fantasias et autres expressions masculines de la culture (Temps du Maroc cet été), ce sont des formes culturelles féminines moins connues que nous découvrirons aux Bouffes du Nord, en particulier la danse du voile (lire ci-contre).

Quatre des six groupes programmés sont originaires du Souss et de l'Atlas, un vient du Rif et le dernier du Sahara ­ aucun des grandes métropoles. Le spectacle se déroule selon un simulacre de journée: aube, midi, crépuscule et nuit. La journée se passe au travail, avec, entre autres, le «a'yu'», un cri chanté que les villageoises du Rif se lancent d'un bord à l'autre du champ ou de la plaine, avec des thèmes spécifiques aux travaux qu'elles sont en train d'effectuer.

Rythmiques sensuelles. Ensuite vient Cherifa (à ne pas confondre avec l'autre Cherifa, star de la chanson kabyle), dont la technique est assez proche de ce cri chanté, mais dont le répertoire poétique, ancien et sophistiqué, est accompagné par d'excellents joueurs de luth (lotar) et de bendir ­ des «requins», dirions-nous ici. Aussi Cherifa fait-elle figure de professionnelle parmi les paysannes de la soirée: étrange personnage introverti, au sourire douloureux, elle sera sans doute la révélation du spectacle. Sa voix aux inflexions