«Paolo Branco, le producteur, m’avait dit qu’Oliveira avait pensé à moi pour son adaptation de la Princesse de Clèves. J’ai immédiatement accepté. Puis il m’a fait parvenir le scénario. Et là, j’ai été stupéfaite. J’avais imaginé que la langue serait celle d’aujourd’hui, et j’ai découvert ces dialogues avec une syntaxe très savante, j’ai paniqué: je n’ai pas de formation théâtrale, je n’ai jamais appris à dire un texte classique. Je me sentais démunie, incapable de dire ce texte de façon intelligible.
Le réalisateur vous a-t-il aidée pour la diction au moment du tournage?
Oliveira dirige ses comédiens avec une précision stupéfiante pour ce qui concerne les gestes et les déplacements. Mais sur la voix, il ne dit rien. On doit se débrouiller seul, et on comprend vite qu'il faut en faire le moins possible, ne pas jouer le texte mais le dire. Quand j'ai dit dans les Cahiers du cinéma qu'il ne donnait pas d'indication psychologique sur les personnages, il m'a dit: «J'ai lu que vous regrettiez que je ne vous ai pas dirigé psychologiquement. Mais Chiara, ça n'existe pas la psychologie au cinéma!» Mais je ne retire rien de ce que j'ai dit! J'ai eu le sentiment d'être sa marionnette.
La dizaine de films que vous avez tournés ne vous avait pas préparé à cela?
J'avais l'impression de n'avoir jamais fait de cinéma avant. J'ai travaillé avec des cinéastes à l'opposé d'Oliveira: Desplechin, Beauvois, Masson" On les rencontre avant de tourner, on entretient des liens personn