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Libération

Le cinéma parlant. Les yeux grands fermés.

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publié le 22 septembre 1999 à 0h48

Ça y est, c'est fini, on peut ressortir. La canonnade qui a précédé

et accompagné la sortie de Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick est finie. Un bombardement d'intelligence, est-il nécessaire de le préciser, contrairement au pilonnage de sottises qui nous assaillent pour la sortie en France de la bien nommée Menace (de moins en moins fantôme) de George Lucas. Donc, tout et son contraire a été écrit. Encore heureux sur un film aussi foisonnant. Et à l'exception de la dernière cigarette de Stanley Kubrick, tout ce qui était humainement interviewable a été interviewé. Pourquoi perdure alors l'impression que le film a été raté, ou, plus exactement, le sentiment étrange que tant de propos bruissants n'ont pas suffi pour s'en débarrasser, qu'ils n'ont même été aussi nombreux et puissants que pour mieux amadouer le film, voire se rassurer en le banalisant? Certes la déception a toujours été inscrite au programme des films de Kubrick (Spartacus n'est pas un péplum, 2 001 n'est pas le premier épisode antidaté de la Guerre des étoiles) et donc, par contamination, de leur critique. Chaque film de Kubrick a toujours commencé par décevoir avant de gagner peu à peu son procès en réhabilitation. Et par paroxysme, la déception est plus que jamais au générique final de Eyes Wide Shut puisque le déceptif est son sujet même: pas assez de cul, de psychologie, de réalisme, etc., alors que la rumeur (pilotée en partie par Kubrick, champion de sa publicité) annonçait, au bas mot, Tom Cruise en trave