Région de Toula (Russie) envoyé spécial
Au-dessus du porche donnant accès à la mine Borodinskaïa, la tête de Lénine. Les traits peinturlurés semblent avoir été rapidement dégrossis dans un bloc de polystyrène expansé. Décor? Oui et non. Dans l'axe du regard de Lénine, un grand écran blanc, celui d'un réflecteur de cinéma. Lénine y voit en ombres chinoises la scène qui se déroule derrière l'écran: la paie des ouvriers de la mine, masse compacte et impatiente. L'autobus qui apporte l'argent n'arrive pas toutes les fins de mois, mais, cette fois, il est là. Un homme bardé de médailles communistes joue des coudes. C'est un ancien mineur, il vient récupérer le salaire de son fils Michka pour payer le repas de noce de ce dernier. Mais alors avec quel argent Michka achètera-t-il l'indispensable bouquet de fleurs pour sa promise? L'intrigue tient dans cette question dont les rebondissements, souvent cocasses, toujours tendres, font le miel du scénario. Cette scène est l'une des premières du nouveau film de Pavel Lounguine, la Noce, production largement française. C'est aussi le dernier plan du dernier jour d'un tournage qui s'est entièrement déroulé dans une région minière proche de Toula, à trois bonnes heures de route de Moscou.
Aristocratie ouvrière. Quelques jours plus tard, Lounguine doit s'envoler pour Paris et enchaîner avec le montage. Mais il n'a pas envie de quitter les gens de cette campagne étrangement silencieuse, verdoyante, presque champêtre. Alors, tandis que ses ass