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Libération

Derniers gestes de Taheya Carioca Actrice et légende de la danse orientale, elle est morte au Caire à 84 ans.

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publié le 24 septembre 1999 à 0h50

Avec la mort de la star égyptienne Taheya Carioca, lundi au Caire,

d'une crise cardiaque, c'est tout à la fois la danse et le cinéma arabes qui sont en deuil. Danseuse et actrice, elle aura été une sorte de féministe orientale, et n'a jamais accepté de faire comme toutes ses consoeurs: de la représentation auprès des mâles arabes, préférant les mettre dans l'embarras, les surprendre par ses audaces. A la différence de Samia Gamal, danseuse instinctive et ingénue qui avait besoin d'espace pour exprimer sa chorégraphie, Taheya Carioca reste dans la mémoire populaire comme la danseuse «du geste minimum».

Rivale de Samia Gamal. Abla Ali Mohamed Karim est née en 1915 à Ismaïlia. A 12 ans, elle arrive au Caire et entre comme danseuse dans la troupe du Casino, le cabaret dirigé par la productrice Badia Massabni. Malicieuse, elle a la réputation d'apprendre à une vitesse inouïe. Dans le cosmopolitisme cairote de l'époque où l'on parle français pour faire distingué, elle s'exprime dans cette langue presque sans accent et excelle dans la danse brésilienne. C'est ainsi qu'elle devient Taheya «Carioca». Chez Badia Massabni, la concurrence est rude, spécialement avec Samia Gamal. Lorsque cette dernière choisit la démarche des stars de la chanson égyptienne (Mohamed Abdelwahab et Farid El Atrache) qui orientaient leur musique vers un romantisme occidentalisé, Taheya Carioca opte pour la voie de la performance et de l'inattendu.

«Elle savait capter le regard et ne plus le lâcher, l'art de l