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Libération
Critique

THEATRE. Cédric Gourmelon monte «Haute Surveillance» de Genet. A l'ombre, des jeunes hommes en fleurs. Haute Surveillance de Jean Genet, m.s.: Cédric Gourmelon, Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, salle Wilson, La Plaine-Saint-Denis. Jusqu'au 10 octobre, Rens.: 01 48 13 70 00.

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publié le 28 septembre 1999 à 0h53

Il faut de la pompe et de l'apparat pour mettre en scène les

royaumes carcéraux. Le dispositif austère mis au point par Cédric Gourmelon pour monter Haute Surveillance de Jean Genet n'en manque pas. Pour rejoindre sa place sur les gradins au fond d'un bâtiment en déshérence, soutenu par des piliers massifs rongés par la rouille et bordés de rideaux noirs, on doit emprunter un chemin étroit de caillebotis. Afin de ne pas déranger le strict ordonnancement du carré de sable fin qui emplit toute l'aire de jeu. Au centre, éclairé à la verticale, un homme, costume noir et crâne rasé, reste longtemps immobile, tenant tel un sceptre déchu un balai à large brosse. Puis lentement, méticuleusement, il repousse le sable pour y dégager des chemins sombres, jusqu'à former un carré noir, espace de la cellule. Les prisonniers arrivent, en file indienne, en shorts et maillots de corps, harassés par une journée de travaux forcés dans un bagne de Cayenne, ou d'ailleurs. Ils prennent possession de leur palais et nous font face.

Eclats de violence. Dans le noir, un rais de lumière éclaire seulement leurs bouches, d'où sortent leurs premiers mots. Proférations douces, chuchotées, où affleurent la violence des brutes au repos. «Yeux verts» (Vincent Guédon) est condamné à mort, refuse la visite de sa femme que les deux autres, les petits voyous Le-franc (Cédric Gourmelon) et Maurice (Jean-Philippe Debroize), convoitent, tout en se disputant les faveurs et la reconnaissance du meurtrier. Il n'est q