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Libération
Critique

Œdipe chez les mafieux

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Robert De Niro en caïd new-yorkais va s’allonger sur le divan du psy Billy Cristal.
publié le 29 septembre 1999 à 0h54

Après des débuts tâtonnants (Bonjour les vacances, 1984), Harold Ramis s’est imposé en trois films comme un cinéaste passionnant. Un jour sans fin, Mes doubles ma femme et moi, et maintenant Mafia blues, carton-surprise du printemps dernier aux Etat-Unis, sont trois comédies extrêmement séduisantes, parfaitement huilées, avec, par-delà leur efficacité, un petit plus de singularité, une tonalité loufoque très identifiable (incontestablement Ramis est un auteur), quelque chose comme un grain. Comme on dit des doux-dingues, les films d’Harold Ramis ont un grain et ce léger dysfonctionnement de la raison est aussi leur sujet. Pour qu’une histoire devienne drôle chez Ramis, il faut que le régime de réalité se détraque.

Vertiges. Et dans ces fissures de la rationalité, l’homme «ramisien» systématiquement implose, se clive, pète les plombs. Un inattendu bégaiement temporel le met nez à nez avec sa redoutable névrose d’échec (Bill Murray voué tous les jours à se prendre un râteau dans Un jour sans fin). Une prouesse génétique matérialise sa propension schizophrène et libère ses différents moi dans une ambiance de grande confusion identitaire (Michael Keaton dans Mes doubles, ma femme et moi). Enfin, caïd de la mafia redouté par ses pairs, il se découvre tout à coup un oedipe mal digéré et s’abandonne sans retenue aux vertiges de la dépression. C’est Paul Vitti, alias Robert De Niro dans Mafia blues. Avec ses héros obsessionnels, schizo ou maniaco-dépressifs, Harold Ramis cre