Crâne luisant, tenue légèrement raide, menton à l'avant et bras
libres, Alain Buffard ne montre pas qu'il est danseur. Pas plus qu'il ne le cache. Après une formation au Centre national de danse contemporaine d'Angers, avec Alwin Nikolais, il est interprète de Marie-Christine Gheorgiu, de Brigitte Farges et de Daniel Larrieu. Il arrête en 1990, pour ne réapparaître que six ans plus tard, avec le quatuor Knust qui réactive les travaux de deux figures américaines des années 60-70: Yvonne Rainer et Steve Paxton (Libération du 22/5/96). On ne s'étonne pas de le retrouver dans ce projet, comme un hommage intime qu'il rend aux engagements, aux radicalités des artistes du Judson Dance Theater. Sa façon de réinvestir la danse passe par là, par le corps politique et démocratique, par la mise à distance du spectaculaire, du produit, par la performance en direct. Autant de concepts et de vécus post-modernes qui motivèrent (et motivent) son propre travail. A quarante ans, Alain Buffard ne peut être ni un jeune chorégraphe, ni un jeune danseur et c'est tant mieux, car on ne sera pas tenté de parler de découverte ni de relève, vocable qui laisse à penser que le nouveau, l'original sont des valeurs essentielles alors qu'elles ne servent souvent qu'à nourrir le marché jeuniste. Buffard, dans le double trio qu'il présente en ce moment au Centre national de la danse, est clairement hors de ces préoccupations. Il ne tient pas à se singulariser, à faire une danse d'auteur, mais à fabriquer du v