Le retour en vogue du confucianisme est une réponse à l'effondrement
de l'idéologie communiste. «La Chine de ce tournant de siècle est en quête de repères moraux et d'identité culturelle», explique Luo Guojie, professeur de philosophie et d'éthique à l'Académie des sciences. Cette «quête de sens» s'est amorcée après la mort de Mao et la fin de la Révolution culturelle (1976). Quand Deng Xiaoping prend le pouvoir en 1978 et lance la politique de réforme et d'ouverture, la Chine est groggy. Sans illusion sur le communisme mais incrédule devant les valeurs traditionnelles que la propagande s'est employée à laminer pendant trente ans.
Un vide à combler. Le rêve occidental va combler une partie de ce vide, notamment auprès de la jeunesse. Les librairies commencent à rouvrir, les ouvrages étrangers sont de nouveau traduits. Dans les dortoirs étudiants, on passe des nuits à refaire la Chine et le monde. Mais le reste de la société est encore bien tenu. Le pouvoir, noyauté par les conservateurs, lance plusieurs campagnes de lutte contre le «libéralisme bourgeois». Les samedis sont toujours occupés par les réunions politiques dans les «unités de travail», où l'on somnole et fume en ânonnant sans grande conviction les extraits choisis des penseurs officiels.
De 1989 à 1991, la répression du mouvement de Tiananmen sonne le glas de toutes les illusions. La société s'engage, avec un certain cynisme, dans la seule fenêtre ouverte que lui laisse le pouvoir: la course à l'enrichissement. Mais,