Il n'y a que chez une styliste que l'on remarque ce genre de détail:
Bouddha est très mal fagoté, attifé d'un tissu trop lourd qui souligne sa bedaine triomphante. «Je l'aime bien», s'attendrit Wang Xiaolin, de sa voix rauque, en souriant à la statue qui orne l'entrée de son usine, à 10 kilomètre à l'ouest de Pékin. Un diamant piqué dans le nez, cheveux soigneusement attachés, et vêtue d'un blouson court à col rond («très chinois», dit-elle), cette jeune femme de 34 ans est la styliste en vogue dans le pays. Celle qui a réconcilié les modes occidentale et chinoise dans l'Empire du milieu. Si, dans la rue, les Chinois s'affublent volontiers de marques américaines, baskets surcompensées et tee-shirts Coca, on croise aussi des femmes à l'élégance plus orientale dans les soirées hype des grandes villes du pays. Avec robes, vestes et tuniques à col rond, lacets à la place des boutons, et soieries. En partie grâce à Wang Xiaolin. «Je n'apprécie pas trop la mode occidentale, explique-t-elle. Je voulais renouer avec les traditions vestimentaires chinoises, en les modernisant.»
Depuis la création de sa griffe, Mu Zhen Liao, en octobre 96, Wang Xiaolin n'a cessé d'ouvrir des boutiques. Quarante dans le pays aujourd'hui, avec quelques accords de distribution au Japon et aux Etats-Unis. Son entreprise compte 300 employés, et cette Chinoise originaire de Shenyang, au nord-est du pays, dirige l'affaire, flanquée de deux vice-présidents chargés du marketing et de la comptabilité. L'un d'eux