C'est avec une semaine d'avance (pour faire plaisir aux Américains)
que la mode s'hystérise dans le rituel des présentations du prêt-à-porter féminin. L'avalanche de chiffres accolés aux défilés printemps-été (84 shows in, dont 30 au Carrousel du Louvre, 33 défilés off, et 56 sur rendez-vous, 2 000 journalistes, 450 photographes, 100 télévisions venant de 48 pays pour seulement 1 000 acheteurs, cherchez l'erreur) ne devrait pas faire oublier la question qui tache: à quoi ça sert tout ça, à part à faire enrager ses copines rédactrices de mode avec un prototype de bottes à six doigts collector?
A l'origine, ce genre de manifestation est censé nous renseigner sur les choses que nous devons absolument porter pour continuer à avoir le droit d'exister en tant que créature de mode, au troisième millénaire. Or, sachant que, de nos jours, tout le monde s'habille chez H & M, il faut revoir à la baisse cette hypothèse de travail. Doit-on pour autant assimiler les défilés à des «actions» (en français, happening) où la mode ne serait qu'art? Certainement pas. N'en déplaise à Jack Lang, qui, dans les années 80, a tant fait pour que la mode soit «reconnue et consacrée par l'Etat» (1), le vêtement, si abouti et conceptualisé soit-il, relèvera toujours de l'univers des biens de consommation l'art aussi, d'ailleurs, mais moins systématiquement. Tranche de bacon. Du reste, certains l'ont compris qui tirent leur épingle de la pelote. A ce petit jeu, les Américains (Mars Jacobs pour Vuitton) et