Né à Colobane (Sénégal) en 1945, mort à Paris en 1998, Djibril Diop
Mambety était l'un des phares du cinéma africain quand bien même il tourna peu et que ces films furent, durant sa brève carrière, fort mal distribués. Sa réputation s'était donc essentiellement construite dans les différents festivals internationaux (Carthage, Cannes, Locarno, Moscou") après la découverte de son premier long-métrage, désormais culte, Touki Bouki. Les Films du Paradoxe sortent aujourd'hui deux moyens-métrages de Mambety conçus comme les éléments d'une trilogie, «Histoires de petites gens», le Franc (1994) et la Petite Vendeuse de soleil (1998), ce dernier posthume.
Emprise hypnotique. Dans ce désert qu'est redevenu la cinématographie africaine, souvent carrément absente des grands raouts festivaliers, l'apparition intempestive de ces deux films débordant d'énergie politique, animé d'une extraordinaire rage formelle doit donc être reçu comme une véritable aubaine.
Les deux films s'appuient sur un événement bien précis de l'histoire contemporaine du Sénégal: le Franc se déroule en pleine dévaluation du franc africain, la Petite Vendeuse" sur fond de crise de la presse locale entre le groupe Sud, indépendant, et le quotidien Soleil, gouvernemental. Dans le Franc, le personnage principal, Marigo, joue du congoma pour gagner sa vie et a bien du mal à joindre les deux bouts. Foutu dehors par sa logeuse qui lui a confisqué son instrument, Marigo mise sur un billet de loterie, le 555, et décroche la ti