Cinéaste belge de 47 ans, Thierry Michel a, selon sa propre
expression, passé sa carrière à «immerger sa caméra dans les coins durs de la planète», du Brésil à l'Afrique noire. Il a aujourd'hui une quinzaine de films politiques et humanitaires à son actif. Avant Mobutu, roi du Zaïre, ce pays lui avait déja inspiré, en 1992, le Cycle du serpent, qui l'avait fait mettre à l'index par Mobutu.
Un des «clous» du film est la révélation frontale, par Larry Devlin, de la CIA, du rôle des Américains dans l'élimination de Lumumba en 1965" Mobutu a été leur instrument.
Il n'avait jamais parlé à un journaliste. Il a été très difficile à convaincre. J'ai insisté. On a discuté, on s'est mis d'accord sur ce qui ne serait pas abordé (une condition importante dans un cas comme ça). Finalement, il a accepté de nous donner cette interview, qui a duré toute une journée. Mobutu a été l'otage des Américains et des Belges, c'est évident. Mais il s'est affranchi de cette tutelle. Il a joué les Américains contre les Belges, les Français contre les Américains, etc. Il a même joué les différents clans du pouvoir américains les uns contre les autres. A ma connaissance, c'est le seul chef d'Etat à avoir, à trois reprises, expulsé un ambassadeur américain! Le drame de Mobutu c'est qu'il a eu toutes les clés en mains et qu'il a été inférieur à son destin. C'était un Machiavel redoutable, qui se donnait une face grotesque. Il a investi tous ses efforts dans l'édification de son personnage, avec la symbolique