Menu
Libération

Collections prêt à porter printemps-été 2000. Par-dela le beau et le moche. Le premier été du millénaire démarre en plein anachronisme: rares sont les créateurs qui osent affirmer leur style.

Article réservé aux abonnés
par Anne BOULAY, Elisabeth Lebovici et Ludovic CAREME
publié le 11 octobre 1999 à 1h08

Précision

Suite à notre compte rendu des défilés prêt-à-porter printemps-été 2000, «la société Yohji Yamamoto entend préciser que ses comptes sont bénéficiaires et proteste contre le fait qu'ils aient pu être indiqués comme étant dans le rouge».

C'est dans le besoin qu'on reconnaît ses amis. Dans un contexte de crise palpable (Kenzo à la retraite, Miyake prenant le large, Calvin Klein à vendre, Yamamoto dans le rouge, conseil d'administration houleux chez Gucci, etc.), les défilés du prêt-à-porter féminin printemps-été 2000 ont produit une poignée d'agréables moments pour un gros tas d'horreurs. Au meilleur des hypothèses heureuses, on trouve sans conteste le japonais Junya Watanabe, désormais détaché de l'influence de Rei Kawakubo (Comme des Garçons) dont il fut l'assistant, mais aussi du propos un peu trop abstrait de ses premiers pas en solo. Magique de bout en bout, son défilé arrosé par un dais de pluie concilie une élégance pérenne (des vestes qui soulignent la taille, des étoffes qui enrobent le corps, des capelines qui en accentuent la prestance) au minimum syndical de modernité requis pour passer le premier été du millenium (robes à transformations jolies et imperméables: qui dit mieux!). Autre réussite, celle du couple AF Vandevorst, qui a planté ses mannequins au bord d'une piscine, permettant de s'approcher d'elles jusqu'à percevoir les mots d'esprit produits par le détail des vêtements: costume blanc strict laissant apercevoir des jarretelles cassant la continuité