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Libération
Portrait

Le classique selon BarneyPlacé à part dans l'exposition, un jeune artiste mutant.

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publié le 13 octobre 1999 à 1h26

La preuve qu'il était possible de concevoir une bonne exposition au

Whitney s'appelle Matthew Barney. C'est un artiste américain, il est jeune (né en 1967) et ses oeuvres font partie de la collection du musée. Il correspond donc parfaitement aux critères exigés pour figurer dans The American Century, Art & Culture, part II, 1950-2000. Mais il bénéficie, lui, d'un traitement particulier réservé à quelques rares élus. Au lieu d'être coincé quelque part entre Cindy Sherman, Charles Ray ou Robert Gober, il a été isolé dans une petite salle. L'endroit est nu. Au plafond, trois moniteurs vidéo disposés en trèfle. Sur chaque écran, l'artiste raconte une histoire en images crues, aux tons acides.

Métamorphoses. On suit les péripéties d'un androïde aux prises avec les métamorphoses de son corps. Tantôt il est happé par l'interstice situé entre le siège et le dossier d'une voiture roulant dans un tunnel, tantôt il se transforme en bouc tentant en vain ­ mais en grande douleur ­ de s'arracher les cornes; tantôt, enfin, il essaie d'attraper sa queue de faune en se livrant à de bestiales contorsions. Pas de doute, nous avons bien à faire avec un personnage de notre temps, à mi-chemin entre Star Trek et Matrix. L'espace-temps, comme on dit dans les feuilletons de science-fiction, subit les distorsions adéquates, celles supposées faire croire que la sidération intergalactique est sur le point de nous manger tout cru. On est bien dans le Redefining the American Dream annoncé dans le program