Menu
Libération
Critique

OPERA. Une nouvelle «Dame de pique» signée Lev Dodin. Poker d'as pour Tchaïkovski. La Dame de pique, Opéra en trois actes de Piotr Ilitch Tchaïkovski, dir. mus. Vladimir Jurovski, m. s. Lev Dodin. Les 14, 18, 22, 25, 28 octobre et les 1er, 4 et 7 novembre à l'Opéra-Bastille. Loc.: 08 36 69 78 68.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 octobre 1999 à 1h26

C'est un fait, le public parisien est pour le moins étrange. Que ce

soit à Bastille, à Garnier ou au Châtelet, les rappels se déroulent comme suit: chanteurs applaudis même s'ils ont été médiocres, chef applaudi, et metteur en scène sifflé systématiquement, dès qu'il ne se contente pas (comme Savary) d'illustrer pieusement le livret. Lundi soir, la première à Bastille de la nouvelle production signée Lev Dodin de la Dame de pique n'a pas failli à cette règle. C'est pourtant, à de nombreux points de vue, le spectacle de la rentrée, tranchant par sa générosité avec l'étalage chic, toc et has been d'Orphée et Alceste au Châtelet.

Distribution solide. L'attrait principal de cette Dame de pique réside dans une distribution vocale solidement russe, avec dans le rôle d'Herrmann l'éblouissant ténor Vladimir Galouzine. On imagine donc la déception survenant à 19 h 30, lorsqu'on apprend que Galouzine, souffrant, sera remplacé au pied levé par Alexei Steblianko, sorti comme lui du Kirov de Valery Gergiev. Le défi est immense; pourtant, pendant plus de trois heures, Steblianko va triompher de la partition sans jamais donner signe de faiblesse. Autre agrément de cette nouvelle production de Bastille, après celle de Konchalovski en 1991 ­ qui faisait entrer le chef-d'oeuvre de Tchaïkovski au répertoire de l'Opéra de Paris, un siècle après sa création au Mariinski de Saint-Pétersbourg ­, la mise en scène du Sibérien Lev Dodin, célébré dans ces mêmes colonnes pour son Gaudeamus à la MC 93 de