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Libération
Critique

WORLD. Les grandes voix du Sahel ce week-end à La Villette. Complète mandingue. Mbadi Kouyaté et l'Ensemble instrumental de Guinée, Samedi 16 h 30 et dimanche 15 h (90 F). Boubakar Traoré, Toumani Diabaté, Ballé Sisoko, Habib Koité, Samedi 20 h (120 F). Cité de la Musique, Parc de La Villette, 75019 Paris.

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publié le 15 octobre 1999 à 1h11

Les rois mandingues pratiquaient la musique d'Etat comme d'autres la

religion. En couvrant d'or leurs griots, ils s'assuraient la meilleure des promotions auprès d'une population naturellement musicienne. Le «pays clair» qu'est le Sahel mandingue ­ par opposition à la côte forestière de l'Afrique, considérée comme proie de l'animisme et des pulsions ­ aime les musiques dépouillées, les chants lancés à travers l'espace. Le texte, essentiel, doit être compris: on ne s'encombre pas d'orchestrations lourdes ou de tambours. Le léger groove des koras ou du balafon ne fait que souligner les ombres et lumières du récit; la voix du griot lancée, martelée ou gémie, porte toutes les émotions. «Nobles». Aujourd'hui les griots, qu'ils soient représentants de la tradition pure, comme M'Badi Kouyaté, ou reconvertis aux styles modernes comme Lafia et Kassemady Diabaté, sont des chanteurs aux voix splendides, travaillées depuis l'enfance. Ce sont eux qui forment le gros de la programmation de ce week-end à Paris. Mais le pays mandingue produit aujourd'hui un autre type de musiciens: les non-griots, ou «nobles», comme on dit là-bas. C'est à cette catégorie qu'appartient Kar Kar, de son vrai nom Boubacar Traoré.

Dans les années 50, lorsque les transistors arrivent au Mali, une vague de Little Richard locaux fait son apparition, des bluesmen crédibles, au style libre, inventif. Mais comment vivre de cette musique? On ne voit pas les grands nobles maliens entretenir des rockers. Quant aux cassett