Il paraît qu’en retournant dans le XVIe arrondissement de Paris, siège du Septième Ciel, pour y filmer une histoire de bourgeois, Benoît Jacquot se serait rendu coupable d’incorrection sociologique. C’est la meilleure: au nom de quoi le cinéma devrait-il laisser les riches tranquilles? Outre ce qu’il dit, de grave et de long, sur la confusion qui naît des débats consacrés au réalisme pauvre, depuis environ Marius et Jeanette, l’argument laisse pantois concernant Pas de scandale. Un peu comme si l’on reprochait à Woody Allen de s’intéresser aux habitants de la planète Manhattan. En fait, l’attachement de Jacquot à la bourgeoisie est d’ordre à la fois ethnologique et proustien: c’est l’éternel côté dehors-dedans du cinéaste, qui déclare voir dans les quartiers chic une sorte de pays dogon, mais qui est aussi depuis toujours un spectateur privilégié, et intégré, de ce biotope très exclusif.
Forclusion mentale. Un autre malentendu pèse sur Pas de scandale, qui raconte les premiers jours de liberté d’un patron très en vue après une incarcération. On a cru y voir un sujet d’époque, qui toucherait à la morale des affaires, un film-débat synchrone avec l’actualité récente de patrons emprisonnés. Mais il se trouve que, primo, Jérôme Beaujour, le scénariste, a eu l’idée du film en songeant au baron Empain (qui appartient tout de même à un autre espace-temps que Bernard Tapie) et que, secundo, ce qui intéresse Jacquot à propos de cet emprisonnement, ce n’est pas tant l’idée de fa