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Libération

La culture du navet. Cette semaine, «DESTINATAIRE INCONNU»( Peter Ho-Sun Chan)

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par BAYON
publié le 20 octobre 1999 à 1h16

Disons un marivaudage au pays du «rêve américain». C'est-à-dire

qu'on est facilement 52 minutes, sur les 87 que dure l'expérience (salle 12, UGC Les Halles, 18 h 50, mercredi 13), à se retenir de piquer du nez, hébété d'ennui. Au bout du compte, ça valait le coup de veiller. On croit saisir le secret de la lettre.

C'est le synopsis: une lettre, fin. En pratique, ou premier traitement, la belle libraire à peine hystérique de Loblobby (sic. Nouvelle-Angleterre) reçoit une lettre d'amoureux transi anonyme; le relatif imbroglio de quiproquos à la clef fait la matière conviviale du Destinataire inconnu ­ qui n'en trouve guère en salle, semble-t-il. Seule planche de salut envisageable: un emballement décalé du lobby lesbien (lob-lobby?), pour certains motifs qu'il convient de voiler ici.

Revenons au billet doux, sur lequel toute la communauté va s'enflammer: il est d'une rédaction inepte, bien que mis en scène, lu, décortiqué et relu par les exégètes locaux comme une page d'anthologie du genre à renvoyer la Carte du Tendre, les Lettres à Milena ou les Liaisons dangereuses au cours préparatoire. Le rôle-titre, et vague intérêt érogène de ce soap couleurs Spielberg, Helen McFarquhar, manifestement la lettrée de l'endroit, se pâme devant ce fatras. «Lacets de mes chaussures» et autres «cheveux dans tes cheveux», sublimes à son goût, autostimulent la sous-Bovary locale à en rosir, voire faire des bêtises moites. Quelle ardeur chez cet adorateur inconnu, comme on l'aime.

Cette femme objet