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Libération
Critique

Le jeune homme et la mère. Takeshi Kitano livre un film frais, mais sans risque. L'Eté de Kikujiro de et avec Takeshi Kitano. Avec Yusuke Sekiguchi, Kayoko Kishimoto et Kazuko Yoshiyuki. Durée 116 mn.

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publié le 20 octobre 1999 à 1h16

L'Eté de Kikujiro est presque un film de genre. D'un genre que la

quasi-totalité des grands cinéastes a un jour emprunté: le film à enfant. C'est exactement sur ce mode que Kitano l'aborde: comme un continent archibalisé, avec ses passages obligés et ses scènes à faire. Le film n'en néglige aucun. L'itinéraire du petit Masao pour retrouver sa maman, sous la garde bienveillante d'un malfrat au coeur tendre, se conforme avec application au modèle mille fois éprouvé de la comédie dramatique familiale. Le petit bonhomme est triste, mais ses compagnons de fortune se plient en quatre pour métamorphoser ses larmes en grands éclats de rire. Une fois encore, la quête vers la mère se confond avec la découverte de la mer, selon un jeu de substitution symbolique dont les 400 Coups a donné la forme la plus âpre. Mais surtout, Kitano n'a pas peur d'en faire des tonnes sur l'angélisme propre à l'enfance: Masao est flanqué d'un petit sac à dos orné de deux petites ailes en tissu, qui, lorsqu'il se met à courir, accompagné par les ritournelles sucrées du compositeur Joe Hisaishi, évoquent une petite créature céleste. Mosaïque récréative. Reste à comprendre pourquoi, après le coup d'éclat d'Hana-bi, film de la reconnaissance internationale, Kitano a choisi d'enchaîner sur une oeuvre aussi délibérément mineure. Nul doute que ce scénario assez lâche lui permet de faire ses gammes, en s'abandonnant au pur plaisir de la mise en scène. De ce point de vue, l'Eté de Kikujiro a valeur d'art poétiqu