René Jacobs: contre-ténor et chef gantois, autorité musicologique
baroque depuis plus de vingt ans, à qui l'on doit notamment la découverte de l'Orpheus de Telemann, du Maddalena de Caldara, du Il Primo omicidio de Scarlatti, et de la Calisto de Cavalli. Après l'Orontea (donné à Bruges il y a dix ans), Jacobs présentait l'an dernier au Festival d'Innsbruck qu'il anime, et à l'Opéra de Lausanne, une nouvelle oeuvre d'Antonio Cesti, exhumée et reconstituée par ses soins: l'Argia.
Second degré. Au XVIIe siècle, la reine Christine avait abdiqué pour sillonner l'Europe et s'installer à Rome, où le pape l'obligea à se convertir. Pour fêter sa venue à Innsbruck en 1655, l'archiduc Ferdinand Carl chargea le compositeur maison, Antonio Cesti, et le librettiste Giovanni Filipo Apolloni d'écrire pour elle deux opéras. Des sept heures originelles de ce Dallas vénitien, Jacobs a retenu la moitié. Ce qui, à détailler le fourmillement d'intrigues parallèles, est justifié. Un Dallas dont les personnages finiraient par devenir attachants, à force de côtoyer le burlesque et le dérisoire. Car l'Argia, dans la tradition de l'opéra vénitien tragi-comique, mêle tous les registres et joue à loisir avec le second degré.
Travestissements, faux-semblants, pièges, coups montés, l'Argia porte le nom de sa princesse héroïne, façon de Sue Ellen, abandonnant son fils pour partir à la recherche de l'amant qui l'a bafouée. Les habitués des Champs-Elysées retrouvent le metteur en scène Jean-Louis Martinoty, déj