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Libération
Interview

Tendances eigthies. Goude Times. De Grace Jones au Bicentenaire, il a marqué la décennie de son «attitude formelle» très personnelle.

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publié le 23 octobre 1999 à 1h19

Dans une décennie si formellement marquée par la pub, les clips et

la mode, Jean-Paul Goude est certainement l'homme qui a su imprimer son esthétique avec le plus de force. Du Libertango («I've seen that face before») de Grace Jones (1981) au défilé du bicentenaire de la Révolution française (1989), apothéose du goût eighties et réussite monumentale, quelques petites pierres blanches ayant marqué les 80 de celui qui sut si bien les mettre en forme, évoquées avec une lucidité et une nostalgie totalement dénuées d'amertume.

«Les années 80 sont celles où j'ai bien gagné ma vie, où j'ai été reconnu. Je n'en ai que de bons souvenirs. C'est l'époque de la rencontre de l'art et de la mode, celle où les magazines étaient perçus et conçus comme des oeuvres d'art. Mon style est avant tout une accumulation de citations autobiographiques, une série d'incubations et de rencontres. Dans les années 70, je vivais à New York, je voyais passer le train du disco, qui devenait de plus en plus minimal, et je me suis invité à bord. J'aimais Grace Jones, j'avais envie de la rendre encore plus belle. Dit comme ça, ça paraît un peu abrupt, mais ce qui m'intéressait, c'était l'attitude formelle plus que le fond. Mes potes, qui sortaient tous avec des mannequins suédois, trouvaient qu'elle faisait travelo, c'est comme ça que j'ai eu l'idée de l'habiller en costard pour exacerber son androgynie. L'accordéon, qui représentait pour moi une sensibilité transatlantique, un pont entre l'Europe et l'Amérique