«Pure folie»" «Pire qu'un match de rugby»" «J'ai failli mourir
écrasé»" Ils s'en souviendront les vainqueurs du marathon qui ont réussi ce week-end à forcer l'entrée de la caverne d'Ali Baba où l'Opéra national de Paris a bradé 10 000 costumes en trois jours, dans une foire d'empoigne des moins lyriques.
Fantasmes. 10 heures, samedi, place de la Bastille. Le long du port de l'Arsenal, la file d'attente s'allonge à perte de vue depuis le chapiteau où les fantômes de l'Opéra en tissu se serrent sur des portants. Les premiers arrivés vers 2 heures du matin ont dormi sur place, avec couvertures et Thermos à thé, en se murmurant Carmen ou la Tosca. «Prenez le métro jusqu'à Austerlitz, ce sera plus court», dit un vigile à une tête folle débarquée au moment de l'ouverture des portes. Des vociférations se mêlent au piétinement de la foule «le meilleur signal d'alarme pour repérer les resquilleurs», s'amuse le vigile.
Dans la queue, on fantasme sur les trésors convoités, telle cette dame venue de province: «Ma fille rêve que je lui rapporte le costume de Papageno de la Flûte enchantée!» Un barbu à coté d'elle rigole: «Moi, je viens spécialement pour la petite culotte de la Tosca!» ça détend l'atmosphère, plutôt à la crise de nerfs. L'essentiel est d'entrer. «Vaut mieux pas se fixer d'objectif. On prendra ce qu'on trouve», philosophe une jeune femme qui a avancé de cent mètres en une heure depuis l'ouverture. Ceux arrivés après 7 heures du matin seront de la revue. Les 3 300 pièces mis