Paradoxalement, il faut bien plus qu'un physique de bimbo pour jouer
les potiches. Repérée il y a deux ans dans le rôle de Rollergirl, la bouleversante porno-star seventies de Boogie Nights, Heather Graham, liane blonde aux faux airs d'Uma Thurman, joue Felicity Bonnebez, poupée sixties en hot pants, avec une énergie farouchement sexy qu'elle a su trouver au prix d'un violent combat avec elle-même. Née il y a vingt-neuf ans dans une famille catholique pratiquante du Wisconsin (père instructeur antiterroriste au FBI, mère prof et écrivain, pas franchement de quoi rire), cette ravissante jeune personne qui avait à peine le droit de regarder les films à la télé («C'est tout juste si j'ai vu le Magicien d'Oz et la Mélodie du bonheur», déplore-t-elle) a découvert sa vocation à l'adolescence, en tombant sur le Choix de Sophie, drame qui la poussera à suivre les cours de théâtre du lycée. Une période dont elle ne garde que d'atroces souvenirs, étant donné son peu d'enthousiasme pour l'activité de cheerleader, préambule nécessaire à tout flirt, et les ravages opérés par le catholicisme sur l'idée qu'elle se faisait, à l'époque, de la sexualité. La famille a alors déménagé dans la banlieue de Los Angeles, et Heather passe quelques auditions sans grandes conséquences, conduite par maman qui fait la bouche à l'envers. Révolte. A 18 ans, elle démarre une analyse, prend un appartement, s'inscrit en fac d'anglais et commence à ruiner consciencieusement, quitte à goûter à des substances pl