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Libération
Interview

Jean Bréhat, coproducteur du film, raconte son travail avec le réalisateur. «Un écrivain, un peintre plus qu'un cinéaste» L'Humanité de Bruno Dumont avec Emmanuel Schotté, Séverine Caneele, Philippe Tullier etc. 2 h 28.

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publié le 27 octobre 1999 à 1h22

Derrière le film de Bruno Dumont, il y a deux producteurs: un petit

brun (lui-même cinéaste), Rachid Bouchared, et un grand châtain (ex-prof de math), Jean Bréhat, tous deux associés depuis 1991, dans 3B Productions. Pendant que Rachid Bouchareb prépare son prochain film (Little Sénégal, confrontation des Noirs africains et américains à Harlem), rencontre avec Jean Bréhat.

Comment avez-vous connu Bruno Dumont?

En devenant les producteurs de la Vie de Jésus, son premier film. Nous avons été contactés par Didier Hespel, qui s'occupait à ce moment-là du Centre régional audiovisuel du nord et avec qui nous avions travaillé sur Faut-il aimer Mathilde, d'Edwin Bailly. Il nous a dit, «je vous envoie un scénario qui me paraît hallucinant». Effectivement, c'était un texte à tomber par terre, écrit dans une langue incroyablement chantournée, une syntaxe bizarre, des contractions qui évoquaient le travail des mots de Mallarmé. Jamais je n'avais rencontré une force pareille dans un scénario. Mais ça ne suffit pas" Il faut voir ce que le réalisateur a dans le ventre, évaluer si on va pouvoir vivre un an et demi avec lui dans des conditions de financement forcément très difficiles. Bruno est venu, accompagné par son producteur local d'alors, avec qui il avait déjà fait beaucoup de films d'entreprise, en vidéo.

On le dit glacial?

Je pense que c'est totalement faux. Mais ce n'est pas un extraverti, il fait partie de ces gens qui se sont construit des barrières. Dans le domaine artistique, c'est