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Libération
Critique

Jeanne dépucelée. Besson dépoussière l'héroïne hantée et signe son meilleur film. Jeanne d'Arc de Luc Besson avec Milla Jovovich, John Malkovich, Faye Dunaway, Desmond Harrington, Dustin Hoffman. 2 h 40.

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publié le 27 octobre 1999 à 1h21

Afin de donner à son tour, après tant d'autres, et non des moindres

(lire encadré), sa version de la geste héroïco-tragique de Jeanne d'Arc, Luc Besson a, comme qui dirait, décidé de payer de sa personne, s'introduisant tel un médium paranormal dans la conscience torturée de la célèbre Pucelle, histoire d'arracher à ce territoire psychique hanté de «voix», balayé de courants d'air célestes, un peu de sa part maudite, de son terrible secret. Cette méthode spirite, très Michelet faisant sa Sorcière quand on y songe, ou Mylène Farmer, fonctionne à plein puisque le cinéaste, superexalté d'emblée, ramène à la surface du film une scène primitive d'une violence inouïe: Jeanne enfant assiste, muette, au viol et au meurtre de sa soeur par un soudard anglais aux dents pourries.

Cette hypothèse traumatique fonde et lance le film à la volée sur une piste freudienne, profilant la Jeanne selon Besson en adolescente dysfonctionnelle, perpétuellement révulsée, écumant de rage, la fièvre au front, assoiffée de sang, de boue et de dévastation, secouée de spasmes et de plus en plus égarée à force de transes de moins en moins catholiques. Mue par le seul désir de vengeance, désir évidemment refoulé et sublimé en odyssée mystique, elle croit agir au nom de Dieu et pour la restitution du trône de France à Charles VII. Toute la dernière partie du film, de loin la plus faible, convoque Dustin Hoffman pour incarner un confesseur qui se charge d'expliquer aux malcomprenants, et à une Jeanne un rien int