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Libération

La culture du navet : Cette semaine: «Me Myself I» (de Pip Karmel )

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par BAYON
publié le 27 octobre 1999 à 1h22

Ce pourrait être Madame Bovary à Melbourne et à l'envers: une femme

plus toute jeune regrette de ne pas être bobonne. On la voit frimer au bureau, s'ennuyer dans son appartement d'étudiante attardée, à compulser des photos de flirts, pinter, et songer au suicide dans son bain (l'affiche). Elle n'est ni excitante (pas de taille, physique «ingrat»), ni très intéressante. Comblée au plan professionnel, sa vie est affectivement désolante. Pamela croupit, personne ne l'aime, ne prend même la peine de la tringler ­ c'est le ton «libéré» du film, à l'australienne: proutt, menstrues, WC, cours de coups de pied dans les couilles" Au lieu d'une journaliste à succès («d'investigation»), elle rêve à ce qu'elle eût été femme au foyer avec enfants et mari. Par exemple Robert Dickson, prétendant éconduit treize ans plus tôt et qui était, lui semble-t-il, l'homme de sa vie.

Ces prolégomènes sociétaux posés, la Chance de ma vie qui renvoie à Mary à tout prix, Destinataire inconnu, voire les Frustrés, peut plus spécifiquement évoquer Shattered Image, Un jour sans fin et Fight Club (encore inédit) pour le dédoublement spatio-temporel. Loin du chef-d'oeuvre, cette curiosité vaguement fantastique et sûrement ethnologique, qui se taille sa petite audience saisonnière mine de rien, drame bourgeois signé Pip Karmel, recourt en effet à un procédé narratif assimilable au «réalisme magique» cher à l'écrivain indo-européen Salman Rushdie.

Au milieu du film et de la vie de Pamela, une sorte de syncope, sug