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Libération
Critique

World. Le sarcastique chansonnier burkinabé à la Fiesta des Suds. Zêdess-toi et le ciel t'aidera. Zêdess en concert. Ce soir à Marseille, dans le cadre de la Fiesta des Suds, Dock des Suds, 12, rue Urbain-V, Africa Live avec aussi Salif Keita, Annie-Flore Batchiellilys, Fania, N'Goma Funk, Cheb Hamid. CD Zêdess, «Où allons-nous?», Lusafrica/BMG.

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publié le 29 octobre 1999 à 1h24

«On ne marche pas deux fois sur les testicules d'un aveugle/Quand un

serpent te mord/Tu te méfies d'un ver de terre», chante Zêdess. La chanson s'appelle Tu m'as eu et résume pour les nouvelles générations en Afrique la loi de la jungle ou comment «niquer son prochain». Menées sur un vif tempo reggae coloré de quelques traditions mandingues, les autres chansons de Zêdess sont titrées Où allons-nous?, Y'a plus de boulot, Abus d'autorité ou Fonctionnaire sans conscience, bref tout un programme goguenard pour exprimer l'amertume d'une jeunesse née après les lendemains d'indépendance qui chantent. Zêdess est burkinabé, diplômé de la fac et pas tendre avec les aînés (diplômés) qui dirigent des pays comme le sien. Alliant musique et art de vivre, la Fiesta des Suds nous donne une rare occasion de voir dans l'Hexagone Zêdess, figure fringante d'une nouvelle chanson africaine distanciée.

Etudiants. Zêdess, à l'exemple de ses homologues, camerounais tel le désopilant Dony Elwood, ivoiriens comme les persifleurs Salopards ou le coquin Meiway, est à la tête d'une vague sarcastique. Leurs marques communes sont de chanter essentiellement en français pour être compris de tous, d'être passés par des études universitaires et d'être trentenaires ou à peine, de ricaner sur des musiques souvent d'inspiration occidentale et de chansonner des paroles qui traduisent savoureusement les paraboles africaines et emploient les mots de tous les jours. Le père spirituel de cette génération de l'ironie res