Dans l'amphithéâtre de l'Opéra-Bastille, Georges Pludermacher répète
au piano les Sonates de Beethoven. Soliste de l'Orchestre de l'Opéra de Paris de 1969 à 1989, Pludermacher est ici comme à la maison, à la différence que le piano sur lequel il joue est unique. Rien en apparence ne le distingue du modèle D de Steinway. Juste une quatrième pédale harmonique, imaginée par Denis de La Rochefordière, révolutionnant les possibilités de l'instrument de façon si radicale que Pascal Dusapin a décidé de n'écrire désormais que pour ce piano. En faisant retomber individuellement les étouffoirs des seules notes jouées par le pianiste, tout en laissant les autres en vibration, cette pédale permet de conserver la rémanence du son sans sa vibration. Démonstration sur la Waldstein: non seulement l'articulation est clarifiée, mais le son peut être modulé dans sa durée. Sur le récitatif de l'Opus 110, puis sur la Tempête, en diminuant un accord pendant sa résonance, Pludermacher peut monter certaines notes en valeur et réaliser une sorte de mélodie de timbre, en sculptant les sons de l'intérieur. Des sons piqués, tout en gardant la prolongation des accords: on imagine l'effet dans Scarlatti. Un scherzo de Chopin joué par Duchâble montre la variété des plans sonores possibles. Seule contrainte: revoir la coordination entre les mains et les pieds, puisqu'il faut avec cette pédale harmonique compatible avec l'usage de la pédale tonale quitter la note pour obtenir l'effet de release, et «garder