Un dîner improvisé à quelques-uns en fin de soirée parisienne. A 23
h 30, tout est fermé, évidemment, sauf «l'Arabe du coin». Evidemment aussi, les oranges pour la salade de fruits sont un peu «mûres» (deux pourries sur six); les Danone tièdes ont rompu depuis longtemps leurs derniers liens avec la chaîne du froid; la «batavia» est périmée; comme la plaque de beurre; et le prix, c'est vraiment se foutre du monde. Ruminations s'ensuivent, à la frange du racisme ordinaire...
C'est là qu'une bonne amie entreprend d'exposer, à la lumière poétique des lampadaires, comment et pourquoi elle aime, elle, les «épiciers arabes»" La nuit à Paris, dans certains coins sombres, heureusement qu'ils sont là, c'est comme une lumière dans la forêt; au moins, si on t'emmerde, tu peux te réfugier chez eux; moi, dans le VIIe, merci, je suis très contente qu'il y ait des épiceries arabes, voilà... C'est une jeune dame bien élevée et jolie; ça fait honte de se faire rappeler à l'ordre si pertinemment; on est troublé, donc convaincu. Là-dessus tombe à pic le concept-album Ewa: «Demandez l'album des Seba dans ce magasin!!!», proclame un panneau à la porte.
Epicerie pagnolesque. En jaquette de la promo CD du jour, une devanture typique d'épicerie de quartier arabe: «Alimentation générale» en gros, et en petit: «chez Ben Ali». Au service d'accueil, le non moins pittoresque personnage familier, pagnolesque en somme, entre Marius et Hugolin, de l'épicier arabe de l'imagerie. Blouse grise de magasinier dign