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Libération
Critique

Raï. Nouvel album et concert d'un jeune challenger de Khaled et Mami. Aïssa, un pont Oran-Marseille. Cheb Aïssa, Demain à 20h30, au New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, 75010. CD: «Nouara», Globe Music-Sony.

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publié le 4 novembre 1999 à 1h47

Ali-Chérif Benaïssa, dit Cheb Aïssa («Jésus» en arabe), réactualise

un vieux pont musical entre Oran et Marseille, capitale européenne du raï, où il est installé depuis six ans, après un crochet par Toulouse. La liaison n'a en fait jamais cessé entre le Vieux-Port et les docks d'Oran, depuis peut-être le 18 novembre 1921, quand naît à la clinique Sainte-Anne de Marseille, d'une mère italienne et d'un père issu d'une grande famille soufie d'Oran, Ahmed Wahby. Premier modernisateur de la chanson oranaise à qui les futurs acteurs du raï doivent tant, disparu en 1993, Wahby aurait trouvé son inspiration en passant vers 1945 devant un café arabe de Marseille d'où fusait la voix rocailleuse de Cheikh Madani, poète célèbre du chant rural de l'Oranie.

Terre et poussière. Aujourd'hui, Cheb Aïssa présente dans son nouveau CD ces deux visages d'une même musique. Les quatre premières chansons sont menées sur une tempo funky, légèrement R & B, dans la veine universaliste d'un Khaled ou d'un Mami, prolongement naturel du pop raï, né à coup de synthés criards il y a plus de vingt ans. Mais dès le cinquième morceau, Kladari (quelque chose comme «malheur à moi»), c'est un raï trab (terre et poussière) au parfum de blés coupés, portant l'humeur des champs, qui se déploie. «La grande assemblée est chez les gens de la ferme/ Dès que le temps des mensonges sera passé/ Je reviendrai vers elle/ Pauvre de moi, c'est mon dernier chagrin/ Avec qui vais-je pleurer/ Regardez cette injustice.» Le rythme d