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Libération
Critique

POP. Une sensation venue d'Islande au Festival Inrockuptibles. Emiliana Torrini, âme vagabonde. Emiliana Torrini. CD «Love in the Time of Science», Labels. En concert dans le cadre du festival des Inrockuptibles à Lille (Aéronef) samedi, Paris (Cigale) dimanche, Nantes (Olympic) le 8, Toulouse (Bikini) le 10.

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publié le 6 novembre 1999 à 1h49

Il existe deux manières d'appréhender Emiliana Torrini, nouvelle

venue sur la scène internationale. La première, lapidaire et simpliste, consisterait à la faire passer dans les pertes et profits avec une étiquette de «sous Björk FM». Ce dont l'ingénue se défend naturellement: «Etre aussi une chanteuse islandaise utilisant des éléments électroniques incite à ce type de rapprochement. Nous avons de toute façon une sorte de tronc commun, venant d'un tout petit pays qui a une forte tradition musicale, nimbée de beauté terrifiante.» La seconde attitude, plus conciliante et, souhaitons-le pour elle, plus juste, incitera à déceler en Emiliana Torrini, malgré une légère propension à la tendresse minaudière ­ elle n'est, après tout, pas beaucoup plus âgée que Britney Spears ­, un certain potentiel qui pourrait s'affirmer au siècle prochain. Soul boréale. Pièces à conviction: un concert d'intronisation au délicieux opéra de Reykjavik où, épaulée par de bons musiciens, dont l'ex-batteur des Sugarcubes, elle s'acquitte honorablement d'un répertoire soulignant l'étendue de capacités vocales qui la situeraient dans une généalogie Edie Brickell-Tori Amos-Stina Nordestam et, donc, Björk. Et, surtout, Love in the Time of Science, un premier «véritable» album ­ après quelques broutilles indigènes ­ duquel sourd une mélancolie sophistiquée, à vrai dire moins grimaude qu'on l'aurait souhaité, pour cause d'implication intempestive (production, écriture, instruments, vocaux) du très moyennement